RESTAURATION (traitements de couche picturale : Nettoyage & réintégration)


 

Peter Van de Velde, “Marine”, collection particulière : Avant et après allègement de vernis (ce nettoyage a permis de mettre à jour le monogramme PVV illisible sous le vernis)

 

Opérations souvent jugées esthétiques (allègement du vernis oxydé et jauni), les nettoyages sont aussi des étapes importantes de la conservation des œuvres : les poussières peuvent représenter une source d’infestation pour insectes xylophages, les résidus de murs placés sous les traverses (que nous appelons les scrupules) déforment les supports, allant jusqu’à entraîner des lacunes et des déchirures.

On distingue pour le nettoyage de la couche picturale le décrassage, l’allègement de vernis et la suppression des repeints.

Les repeints débordants peuvent constituer une véritable menace pour l’œuvre, augmentant les contraintes de surface et les risques de soulèvement.

 Les moyens et méthodes mis en œuvre pour les étapes du nettoyage, en particulier pour les allègements de vernis et les suppressions de repeints, sont issus des dernières innovations techniques développées pour la conservation des œuvres. Chaque nouveau nettoyage est réalisé après de nombreux tests préalables, notamment du point de vue des solubilités des matériaux, afin de réduire les risques d’erreur de nettoyage, d’usure de la couche picturale originale, ou pour garantir la conservation des couches les plus fragiles que constituent les glacis superficiels.

 

Damiano Mazza (élève du Titien) : Détails avant et après nettoyage (Eglise Saint-Antoine, Loches)

 

∞ CONSOLIDATION DES SUPPORTS


 Pour ces interventions essentielles à la conservation des œuvres, nous agissons dans le respect de l’original et des traces de l’histoire matérielle pour garantir l’intégrité de l’œuvre ;

Guillaume Bodinier, Académie d’homme, 1824, Musée des Beaux-Arts d’Angers. Photo avant et après traitement du support (changement de châssis, mise en extension, reprise des déchirures et des déformations).

 

 

Pierre-Paul Rubens, “La Vierge aux donateurs”, Musée des Beaux-Arts de Tours, Refixage en cours.

 

 Les interventions de support, essentielles à la conservation des œuvres, demandent une connaissance approfondie des supports et techniques utilisés par les peintres et la réalisation d’un diagnostic solide (Assistance aux collections et conseil en conservation préventive).

Notre atelier réalise les interventions sur le support pour permettre une bonne conservation et une bonne présentation des œuvres : il s’agit la plupart du temps de reprises de déchirures (avec ou sans rentoilage), de reprises de planéité du support quand les déformations sont très importantes, de refixage et de consolidations des écaillages ou soulèvements.

 

Jean-Baptiste Henri Durand-Brager, “Essai de tir décalé” (coll. privée): Refixage en cours

∞ CONSTATS D’ETAT


 

Observation, documentation et déductions sont autant d’étapes qui mènent au diagnostic. Avec des outils tels que les examens sous UV ou en lumière tangentielle ou l’observation sous loupe, les constats d’état avant déplacement, avant conditionnement pour transport, avant exposition ou avant traitement font l’objet d’un examen minutieux, référencé sur un schéma reprenant toutes les altérations observées.

 

De nombreuses collections publiques nous ont fait confiance pour cet examen, qu’il soit très approfondi (avant traitement ou étude d’œuvres) ou plus ponctuel (constat contradictoire avant et après déplacement des œuvres).

 

Relevé d’altérations sur “La Chasse dans le Hodna”, Eugène Fromentin, Musée des Beaux-Arts de Nantes.
 
 

 ∞ DIAGNOSTICS


 

 La mise en relation des éléments du constat d’état, avec l’analyse des matériaux constitutifs permet d’établir un diagnostic sur l’état de l’œuvre pour définir une stratégie de restauration. La convergence de tous ces éléments a permis pour les peintures des artistes de la fin des 1950 de découvrir quel élément entraîne des pertes d’adhérence entre la préparation et les couches picturales.

 

Gustave Courbet : Détail de la mise en évidence des soulèvements en cours de diagnostic (Cerf dans la forêt, Musée de Flers)

 

 

 

∞ REINTEGRATION


 

La réintégration des zones lacunaires constitue la finalisation de la restauration : les retouches sont strictement concises à la lacune : des mastics comblent la matière, la retouche se situe exclusivement dans la zone de mastic sans qu’aucun débordement sur l’original ne soit admis. Nous n’utilisons pas les mêmes matériaux que le peintre : nos matériaux de retouche sont réversibles afin de permettre au futur restaurateur de pouvoir facilement les supprimer. Les matériaux sont choisis pour être visibles par une expertise (décelables sous UV), pour leur stabilité et leur réversibilité.

 Thomas Gleb, “La Douche”, Musée de la Tapisserie contemporaine Jean-Lurçat (Angers), réintégration des lacunes

Adèle Riché, “Bouquet de fleurs”, Musée des Beaux-Arts de Tours : réintégration des lacunes et usures.

Pierre Soulages, “Peinture 14 mai 1968″, Centre Pompidou, Réintégration en cours.